Une forêt exceptionnelle

Peu de capitales peuvent s'enorgueillir comme Bruxelles de posséder à leurs portes un massif forestier de plus de 4000 ha.
L'habitant de la grande ville est exposé au bruit, à la pollution: il ne vit plus au rythme des saisons.
La forêt est plus que jamais devenue pour le citadin une source de verdure, de calme, d'air pur, d'inspiration et de réflexion.
Malgré cela, elle demeure souvent méconnue du grand public.

Pour mieux faire connaître les richesses souvent insoupçonnées de la forêt de Soignes, notre secrétaire général Michel Maziers a publié une série de 8 articles dans le journal "Le Soir" (août 2011).

Vous pouvez en prendre connaissance en cliquant sur les titres de ces 8 articles du menu 'Différents aspects de la forêt de Soignes'.

Nous vous en souhaitons une agréable lecture.
  

Une forêt exceptionnelle

C’est dimanche, plein soleil, une invitation à la balade : si on allait faire un tour en forêt ? Dans combien de familles n’entend-on pas ce genre de réflexion ? Jusqu’à 30 000 promeneurs par jour les beaux week-ends de printemps ou d’automne, disent les gestionnaires !

 Un défouloir fragile

Ce qui attire ces promeneurs, c’est la détente, le grand air, une indéfinissable sensation de liberté, ce ne sont pas les extraordinaires richesses de cette forêt qu’ils côtoient en les ignorant. Pour eux, la forêt, le bois de la Cambre, le parc de Woluwé et les autres, c’est du pareil au même. Et pourtant…

 La présence massive du public suffit à illustrer une fonction majeure des forêts péri-urbaines actuelles : un défouloir aux stress de la vie quotidienne et un puits de carbone à 6 km du centre d’une agglomération de plus d’un million d’habitants qui l’encercle progressivement.

 Or cette pression sociale intermittente met en danger une autre fonction majeure de cette forêt : sa biodiversité, qui la distingue des parcs urbains.

 Une cathédrale aux pieds de limon

 

 

 

Un ancien mode d’exploitation de cette forêt y a introduit un paysage spectaculaire et renommé, quoique pas unique au monde : la hêtraie dite cathédrale à cause des troncs rectilignes des hêtres assimilés à des colonnes où se glissent les rayons solaires comme à travers des vitraux.

 Des vallons sans le moindre ruisseau : comment est-ce possible ? Jamais cultivé, protégé de l’érosion par sa composition majoritairement limoneuse, le sol de la forêt a conservé ses caractéristiques pré-glaciaires, d’il y a plus de 10 000 ans. Ses vestiges néolithiques, sidérurgiques, princiers et monastiques en font aussi un conservatoire archéologique précieux.

 Un milieu productif

 Au centre de gravité des universités belges, la forêt de Soignes attire leurs chercheurs depuis un siècle et offre à leurs étudiants des champs d’observation et même d’expériences proches et d’accès facile. Combien de vocations de naturalistes n’y sont-elles pas nées ?

 L’exploitation de ses ressources (bois, sable, pierre, gibier, plantes médicinales…) n’est plus la fonction dominante qu’elle remplissait jusqu’il y a un siècle, mais le bois de Soignes reste réputé pour sa qualité. Même inférieurs aux coûts de gestion, les revenus qu’elle procure sont indispensables pour justifier sa protection dans un monde obsédé par la rentabilité.

On a même songé à y tracer un « couloir » reliant Bruxelles à la Wallonie en cas de scission de la Belgique.

 Ecologique, sociale, scientifique, pédagogique, paysagère, culturelle, économique et même politique : la conjonction rarissime de toutes ces fonctions dans une seule forêt suffit à justifier la candidature de Soignes à entrer au patrimoine mondial de l’humanité instauré par l’UNESCO, mais elle complique sa gestion comme on le verra au fil de ces articles.